jeudi 22 juillet 2010

SIDA : Déclarations de Roselyne Bachelot à Vienne

Publié le 21. juil, 2010 par La Rédaction dans la catégorie Santé

À l’occasion de la Conférence internationale sida de Vienne, MdM rappelle qu’il est urgent de soutenir des pratiques innovantes en matière de lutte contre les épidémies de SIDA et d’Hépatites virales B& C.

(Photo : Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports)

Si, dans ce cadre, la ministre de la santé déclare être favorable à la banalisation du dépistage, dont le dépistage démédicalisé, elle ne convainc pas sur l’application des tests de diagnostic rapide en Guyane et sur la mise en place de programmes d’éducation aux risques liés à l’injection auprès des consommateurs de drogues. Sa parole est forte et libre quand elle ne porte que sur les seules questions de santé en métropole et en population générale, elle s’éteint progressivement il s’agit de territoires éloignés du ministère (Guyane) et est clairement censurée dès qu’il s’agit de prévention de l’épidémie chez les usagers de drogue.

Fort de son expérience internationale, Médecins du Monde milite depuis longtemps pour l’introduction de pratiques innovantes de lutte contre le VIH/ VHC comme les tests de dépistage rapide ou l’éducation aux risques liés à l’injection permettant de réduire les risques chez les usagers de drogue.

Le dépistage rapide en Guyane : toujours aucun engagement !

Roselyne Bachelot annonce une volonté de banaliser le dépistage mais n’annonce aucun engagement fort en Guyane, pourtant confrontée à une épidémie généralisée.

La Guyane connaît le taux de prévalence du VIH le plus élevé de France et se trouve en situation d’épidémie généralisée selon l’OMS. En octobre 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé pour la Guyane l’utilisation des tests sanguins de dépistage rapide (TDR), à court terme et hors du cadre de la recherche biomédicale. Les autorités de santé s’étaient également engagées, à l’occasion de la venue de la ministre de la santé en mai 2008, à autoriser dès le printemps 2009 l’utilisation des TDR comme test de dépistage en Guyane mais cet engagement n’a toujours pas été respecté.

Faute de suivi de ces recommandations, depuis début 2010, Médecins du Monde propose des TDR aux patients reçus dans le centre de soins de MdM à Cayenne, en Guyane. MdM fait la preuve que le TDR est un outil adapté aux populations les plus exposées ayant peu accès aux dispositifs classiques et pour faire face aux situations d’urgence, comme celle que connaît la Guyane.

Médecins du Monde demande une évolution rapide du cadre législatif et réglementaire pour favoriser la mise en place de projets de dépistage rapide

L’éducation aux risques liés à l’injection

L’autorisation de programmes d’éducation aux risques liés à l’injection, en situation réelle, reste illégale. Médecins du Monde et ses partenaires militent pour faire évoluer le débat national sur la prévention liée à l’usage de drogues et pour la mise en place de ce travail éducatif individualisé avec les usagers, à la fois théorique et pratique, permettant de renforcer leurs capacités à adopter des comportements de prévention.

Les recommandations du rapport d’expertise collective INSERM concernant la réduction des risques (RDR) chez les usagers de drogues, parues le 30 juin dernier, préconisent elles aussi, sur la base d’expertises scientifiques, la mise en place en urgence d’actions de prévention innovantes. Par exemple, des programmes d’éducation aux risques liés à l’injection ou des Centres d’Injection Supervisés.

Médecins du Monde élabore en région Ile de France un programme pilote d’éducation aux risques liés à l’injection (ERLI) destiné aux usagers de drogue par voie intraveineuse. Ces pratiques répondent aux besoins d’usagers injecteurs très vulnérables en mettant à leur disposition du matériel stérile et une supervision de l’injection afin de diminuer les comportements à risques et les risques de contaminations VIH/VHC. Ces pratiques innovantes s’intègrent dans une politique globale sur les drogues qui va de la prévention jusqu’à la réduction des risques et les soins.

Après la remise du rapport de l’INSERM, la ministre annonce une nouvelle concertation avec tous les partenaires concernés, notamment les collectivités locales mais elle ne convainc pas : elle ne propose qu’une lecture positive de ce type de programmes mais ne s’engage pas. Aujourd’hui, la santé chez les usagers de drogues n’est considérée que sous l’angle de la sécurité publique et de la répression. Or il s’agit avant tout et surtout d’une question de santé. « En tant que ministre de la Santé, je suis en charge de la politique de la réduction des risques chez les usagers de drogues », annonçait Roselyne Bachelot dans une interview parue hier dans Libération. Mme Bachelot doit donc réellement reprendre en main la politique de santé dont la promotion de la réduction des risques chez les usagers de drogues en soutenant, y compris financièrement, la mise en œuvre rapide de ces pratiques innovantes.

Source : Médecins du monde/ Florence Priolet

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